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Les filles de Pierre Foncin

APF

Les trois filles de Pierre Foncin

  • Antoinette Joséphine Jeanne née en 1867,
  • Myriem (Marie) Joséphine Lucie née en 1893,
  • Mireille Henriette Marguerite Marie née en 1895
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    Antoinette

    Antoinette, fille d’Anne Sylvestre, nait à Carcassonne le 5 août 1867 alors que son père est en poste à Mont-de-Marsan. On ne sait rien de son enfance ni de ses études. Elle se marie le 27 septembre 1887 à Cazhillac avec Jean-Baptiste Passerieux, un avocat qui va passer l'essentiel de sa carrière dans la région parisienne et qui la terminera comme juge au tribunal de la Seine.
    Antoinette et Jean-Baptiste ont 3 fils :

  • Pierre PASSERIEUX 1888 - 1983
  • Marcel PASSERIEUX 1892 - 1964
  • André PASSERIEUX 1901 – 1959
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    Pierre et Marcel viendront séjourner au Dattier avec leurs parents et joueront avec Myriem et Mireille qui sont à peu près du même âge.

     

    Pierre et Marcel avec Myriem et Mireille au Dattier vers 1900

    Réservation visites

    Accés à la billetterie de l'Usine

     

     

     

    Antoinette et son père

     

    Antoinette à 35 ans

    Antoinette décède en 1938. Jean-Baptiste prend sa retraite en 1933 et décède en 1946. Les deux époux sont enterrés au cimetière de Cazilhac.

    Myriem

    Myriem, née le 2 mai 1893 (le jour des 52 ans de son père !) à Paris, admire beaucoup son père et s’oriente vers les mêmes sujets d’étude que lui. C’est une étudiante brillante qui obtient à la Sorbonne une licence ès-lettres (histoire et géographie) et ès-science (géographie physique, botanique et mathématiques générales) ainsi qu’un diplôme d’études supérieures en histoire-géographie. Elle commencera un doctorat qu’elle ne mènera pas jusqu’au bout mais dont elle se servira dans ses publications. Elle entre à la Bibliothèque Nationale de France (BNF), sur la recommandation très chaleureuse de Lucien Gallois, le 1er juin 1920. Elle va y passer toute sa carrière. Elle produit un travail considérable dans le département cartographie de la BNF et devient rapidement «incontournable». Elle rassemble et organise des milliers de cartes anciennes qu’elle fait venir de toute la France et de l’étranger et devient en 1942 conservateur en chef du département des cartes et plans de la BNF, première femme à obtenir une position hiérarchique aussi élevée dans l’administration française. Elle restera à ce poste jusqu’en 1964 année de son départ à la retraite.

    Myriem et Mireille sur la plage du Domaine Foncin

     

    Myriem Foncin a été la première femme bibliothécaire à la section des Cartes et plans (1920), la première à diriger un département de collections à la BNF (1942), la première à présider une association professionnelle, ABF (1945 et 1958), enfin la première géographe à recevoir des distinctions internationales.
    Parmi celles-ci : elle a participé à un séjour de trois mois aux États-Unis, invitée par le Department of State (1952) ; elle a été lauréate de la Royal Geographical Society en recevant le prix Gill (1961).

    A côté de ses activités professionnelles elle mène une activité de militante de l'éducation et de la lecture populaires. Elle fonde en 1923 la branche féminine (chrétienne) des " Équipes sociales " crées en 1920 par Robert Garric, où elle anime des cercles d'études et de lecture. Elle agit à partir de 1938 au sein de l'Association des bibliothécaires français où elle organise une formation élémentaire pour les responsables des bibliothèques de loisirs. En 1940 et 1941, elle anime des stages de formation pour les responsables des bibliothèques créées pour les réfugiés et dans les centres de jeunesse. En 1938, Myriem Foncin constitue un groupe informel d'éducateurs populaires, d'éditeurs et de bibliothécaires professionnels. En 1946, elle rencontre Roger Martin du Gard (prix Nobel de littérature 1937) avec lequel elle organise la "lecture au Sana" soutenue par la famille d'éditeurs Gallimard.

    Extrait d'une lettre de Roger Martin du Gard à son épouse Hélène le 10 janvier 1946:
    "Les deux Foncin ont l’air de faire un numéro Laurel et Hardy : l’aînée (celle que je prenais pour une veuve) est une brune à lunettes, du gabarit de Suzanne Moncel ; c’est elle qui sait, qui organise, qui a l’habitude, qui décide que tout s’arrangera, que Dieu y pourvoira ; une brave créature toute de dévouement et d’initiative philanthropique ; la cadette, Mireille, notre « secrétaire-bibliothécaire », est visiblement sous la coupe de son aînée qui ne lui laisse pas placer un mot ; mais elle est très intelligente, active et d’un dévouement égal à celui de sa maîtresse sœur."

    Myriem

    A partir de 1964 Myriem séjourne fréquemment au Dattier avec sa soeur Mireille. Elle reste célibataire et décède à Toulon le 5 janvier 1976. Elle est enterrée à Bagneux.

    Mireille

     

    Mireille est beaucoup plus discrète. On n’a pas d’information sur ses études, bien que ses écrits reflètent une concision de pensée et une qualité d’expression remarquables. On sait seulement qu’elle participe avec sa sœur à toutes les activités sociales et éducatives qu’elle mène. Elle aussi reste célibataire et sur son passeport indique "bibliothécaire" comme profession.

    Passeport 1953 de Mireille

    Dans article de "L'Express" de 1977 Françoise Monier décrit ainsi Mireille enfant: "Mireille, la sauvage, n’aime pas l’arithmétique et préfère aller en bateau pêcher avec son père et Joseph, le domestique mauricien."

     

    Dès la retraite de Myriem, les deux soeurs passent beaucoup de temps au Dattier. En 1975, elles apprennent par une amie géographe (Jacqueline_Beaujeu-Garnier) l'existence du Conservatoire du Littoral et envisagent de lui faire don de la maison après leurs morts. L'année suivante Myriem décède laissant Mireille dans une situation financière très précaire.
    Mireille la discrète, va devoir gèrer les biens de la famille et assumer tous les problèmes qui étaient alors ceux de sa soeur. Elle va montrer à ce moment une force de caractère qu'on ne soupçonnait pas .
    Elle met en viager l'appartement parisien du 1 rue Michelet et, harcelée par les promoteurs (parfois encouragés par la municipalité de Cavalaire) elle décide de donner immédiatement le « Casteu du Souleu » au Conservatoire du Littoral. Elle est la première donatrice au Conservatoire du Littoral mais il lui faudra attendre une année pour que le cadre juridique se mette en place et elle ne transmettra son bien qu'en 1977.
    Elle y met 3 conditions :

  • Avoir l’usufruit jusqu’à sa mort
  • Laisser le domaine dans son état
  • Ouvrir le domaine au public
  • Elle va demeurer seule dans la maison pendant 19 ans, vivant chichement avec ses chiens Dolly et Castor, sans apparemment avoir reçu d’aide financière pour elle-même mais aidée par le Conservatoire du Littoral pour la réfection de la maison et par les habitants du Dattier pour ses déplacements et pour la fourniture en bois de chauffage. L’été elle se réfugiera à Paris et à Uriage (au sud de Grenoble) pour fuir les grosses chaleurs et l’afflux des touristes. Elle va lutter jusqu'à sa mort contre les nuisances induites dans le maquis voisin par des décisions malencontreuses : usine d'incinération d'ordures, circuit de moto-cross, stand de tir, zone artisanale. Elle refusera d'ailleurs la légion d'honneur qu'on lui propose pour son don au Conservatoire à cause de ces éléments.
    Mireille vivra au premier étage de la maison, s'éclairant à la bougie et à la lampe à pétrôle. Ce n'est qu'à la toute fin de sa vie qu'elle se déplacera au rez de chaussée où elle bénéficiera de l'électricité et de l'eau courante.
    Elle quittera le Casteu en juillet 1996 et décèdera à Paris en octobre 1996 sans avoir connu la fin de l'usine d'incinération (1999) ni celle du circuit de moto-cross. Elle est enterrée ä Bagneux avec sa soeur et sa mère.

     

    Video d'archive INA 1977: don du Domaine Foncin

     

    Les sœurs Foncin avaient hérité d’Augustine Fouillée veuve du philosophe Alfred Fouillée qui avait eu Joseph Foncin comme proviseur. Elle avait écrit « Le Tour de la France par deux enfants » sous le pseudonyme de G Bruno, livre pour lequel Pierre Foncin lui avait fourni des indications géographiques et historiques. Lors de son décès à Menton le 8 juillet 1923, elle laissa aux deux sœurs deux villas (Hygie et Fouillée, boulevard de Garavan à Menton) et, peut-être aussi, une maison à la Croix Valentin sur la commune des Molières en Seine et Oise. Suite à l’incendie de 1950 qui a détruit la toiture et le 2ème étage de la maison du Dattier, ces biens ont été vendus pour permettre de remettre en état Lou Casteou qui venait juste d’être restauré après l’occupation allemande et que les sœurs n’avaient pas encore assuré!!
    Mireille a encore touché dans les années 1980 des droits d’auteur quand le livre d’Augustine Fouillée a fait l’objet en 1977 d’un documentaire en 12 épisodes de JL Godard « France, tour, détour, deux enfants ».